CARGONOMIA, UN EXEMPLE DE DECROISSANCE A BUDAPEST
Rouler à vélo, consommer des produits sans pesticides, produits localement, sans intermédiaires, réapprendre à utiliser nos compétences (ou les apprendre), s'entraider (à réparer son vélo par exemple), voilà des petits gestes qui ne représentent pas grand chose mais qui peuvent faire évoluer une société. C'est aussi l'un des enjeux de la problématique climatique pour les militants: se préoccuper du climat, c'est aussi, et surtout, penser notre société autrement.
Vincent Liegey est Français et vit aujourd'hui à Budapest. Porte-parole du mouvement de la décroissance, il est aussi co-fondateur de Cargonomia, un centre logistique de distribution de nourriture bio produite localement (une ferme à une cinquantaine de kilomètres de Budapest, un boulanger bio, une coopérative de vins...), grâce à des vélos cargos conçus et construits sur place également par la structure Cyclonomia. Il était de passage à Paris ces jours-ci, à l'occasion de la COP21, et s'est arrêté à Place To B (voir en fin d'article).
Les vélos cargos de Cargonomia |
Tous les jeudis c'est le même rituel. Fruits et légumes produits dans une ferme bio des environs de Budapest sont livrés dans les locaux de Cargonomia avant d'être redistribués par vélos cargos. Après deux ans de maturation, cette structure à but non lucratif s'est installée ici, au fond d'une petite cour. Vincent, ingénieur et l'un des leaders français du mouvement pour la décroissance, est l'un des fondateurs de Cargonomia.
Une vingtaine de personnes âgées d'une trentaine d'années travaillent autour de ce centre logistique: d'anciens professeurs d'université devenus boulangers, des agriculteurs et une coopérative sociale qui crée et construit les vélos cargos conduits par des coursiers. Une soixantaine de paniers sont ainsi distribués chaque semaine pour environ 14 euros, essentiellement grâce au bouche à oreille et via les réseaux sociaux. Les consommateurs sont principalement des personnes jeunes, soucieuses de leur santé, comme Andréa.Vincent Liegey: nous avons avancé pas à pas pour essayer de créer des synergies et relier les questions de transport durable, de production d'une nourriture locale et bio et nous avons aussi réfléchi à d'autres alternatives économiques qui seraient plus conviviales, en se basant sur une relation directe et de confiance entre les producteurs et les consommateurs.
Andrea : Je commande un panier toutes les semaines, parce que c'est pratique: je mange des légumes toutes les semaines et je n'ai qu'à venir ici en vélo et les rapporter à la maison.
Pour d'autres, c'est aussi un acte militant
Gudjon: je viens ici aussi pour soutenir le marché local. J'essaye de manger bio quand je peux et j'essaye de soutenir les producteurs locaux.
Mais changer la société, ré-inventer une façon de vivre ensemble et ré-apprendre à faire les choses soit-même est un gros challenge. Le collectif est un mélange de militants de l'Est et de l'Ouest qui apportent chacun leur vision du monde. Une perception pleine de paradoxes.
Le mouvement pour encourager les gens à consommer moins et utiliser moins de ressources sera le thème d'un rendez-vous majeur à Budapest, en septembre prochain. A Cargonomia, l'un des organisateurs, tout le monde se prépare activement pour cette 5è conférence internationale sur la décroissance.Vincent Liegey: Dans les pays de l'Ouest, on théorise beaucoup plus sur la façon de vivre "local", la convivialité, comment produire des biens durables et les recycler et toutes ces choses là que nous ne faisons plus. Ici, certains de nos amis vivent ces choses là dans leur quotidien et en même temps ils rêvent d'aller vivre à l'Ouest et de découvrir un autre mode de vie. C'est très intéressant d'avoir des discussions ensemble et en discutant de nos perceptions respectives, d'imaginer un modèle de société qu'on pourrait appeler post-développé ou post-croissance.
La conférence aura lieu du 30 août au 3 septembre 2016. Vincent Liégey était l'un des invités l'émission animée par Stéphane Paoli tous les jours à Place to B pendant la durée de la COP21. A écouter ci-dessous: (il intervient vers 33')