vendredi 4 décembre 2015

CARGONOMIA, UN EXEMPLE DE DECROISSANCE A BUDAPEST


Rouler à vélo, consommer des produits sans pesticides, produits localement, sans intermédiaires, réapprendre à utiliser nos compétences (ou les apprendre), s'entraider (à réparer son vélo par exemple), voilà des petits gestes qui ne représentent pas grand chose mais qui peuvent faire évoluer une société. C'est aussi l'un des enjeux de la problématique climatique pour les militants: se préoccuper du climat, c'est aussi, et surtout, penser notre société autrement. 

Vincent Liegey est Français et vit aujourd'hui à Budapest. Porte-parole du mouvement de la décroissance, il est aussi co-fondateur de Cargonomia, un centre logistique de distribution de nourriture bio produite localement (une ferme à une cinquantaine de kilomètres de Budapest, un boulanger bio, une coopérative de vins...), grâce à des vélos cargos conçus et construits sur place également par la structure Cyclonomia. Il était de passage à Paris ces jours-ci, à l'occasion de la COP21, et s'est arrêté à Place To B (voir en fin d'article).


Les vélos cargos de Cargonomia
J'avais rencontré Vincent lors d'un séjour à Budapest dans le cadre du Mojo challenge organisé par la CIRCOM en octobre dernier et réalisé un petit sujet (sujet très limité en images en raison d'une succession de galères ce jour là: vol de leur camionnette pour aller récupérer une partie des produits et pluie incessante sur Budapest...).



Le commentaire est en anglais. Voilà la traduction après l'introduction (que je n'ai pas pu couper malheureusement :) ): 

Tous les jeudis c'est le même rituel. Fruits et légumes produits dans une ferme bio des environs de Budapest sont livrés dans les locaux de Cargonomia avant d'être redistribués par vélos cargos. Après deux ans de maturation, cette structure à but non lucratif s'est installée ici, au fond d'une petite cour. Vincent, ingénieur et l'un des leaders français du mouvement pour la décroissance, est l'un des fondateurs de Cargonomia. 
Vincent Liegey: nous avons avancé pas à pas pour essayer de créer des synergies et relier les questions de transport durable, de production d'une nourriture locale et bio et nous avons aussi réfléchi à d'autres alternatives économiques qui seraient plus conviviales, en se basant sur une relation directe et de confiance entre les producteurs et les consommateurs.
Une vingtaine de personnes âgées d'une trentaine d'années travaillent autour de ce centre logistique: d'anciens professeurs d'université devenus boulangers, des agriculteurs et une coopérative sociale qui crée et construit les vélos cargos conduits par des coursiers. Une soixantaine de paniers sont ainsi distribués chaque semaine pour environ 14 euros, essentiellement grâce au bouche à oreille et via les réseaux sociaux. Les consommateurs sont principalement des personnes jeunes, soucieuses de leur santé, comme Andréa.
Andrea : Je commande un panier toutes les semaines, parce que c'est pratique: je mange des légumes toutes les semaines et je n'ai qu'à venir ici en vélo et les rapporter à la maison.
Pour d'autres, c'est aussi un acte militant
Gudjon: je viens ici aussi pour soutenir le marché local. J'essaye de manger bio quand je peux et j'essaye de soutenir les producteurs locaux.
Mais changer la société, ré-inventer une façon de vivre ensemble et ré-apprendre à faire les choses soit-même est un gros challenge. Le collectif est un mélange de militants de l'Est et de l'Ouest qui apportent chacun leur vision du monde. Une perception pleine de paradoxes.
Vincent LiegeyDans les pays de l'Ouest, on théorise beaucoup plus sur la façon de vivre "local", la convivialité, comment produire des biens durables et les recycler et toutes ces choses là que nous ne faisons plus. Ici, certains de nos amis vivent ces choses là dans leur quotidien et en même temps ils rêvent d'aller vivre à l'Ouest et de découvrir un autre mode de vie. C'est très intéressant d'avoir des discussions ensemble et en discutant de nos perceptions respectives, d'imaginer un modèle de société qu'on pourrait appeler post-développé ou post-croissance.
Le mouvement pour encourager les gens à consommer moins et utiliser moins de ressources sera le thème d'un rendez-vous majeur à Budapest, en septembre prochain. A Cargonomia, l'un des organisateurs, tout le monde se prépare activement pour cette 5è conférence internationale sur la décroissance.

La conférence aura lieu du 30 août au 3 septembre 2016. Vincent Liégey était l'un des invités l'émission animée par Stéphane Paoli tous les jours à Place to B pendant la durée de la COP21. A écouter ci-dessous: (il intervient vers 33')



Retrouvez la COP21 des régions de  France 3 sur la page Agissons pour notre climat




mercredi 2 décembre 2015

DEAMBULATIONS DANS L'ANTRE DU BOURGET


Et voilà, c'était prévisible, j'ai la tête comme une citrouille ! Une journée au Bourget et mon cerveau bouillonne tant il y a à voir et à écouter. Avec un risque certain, celui que je me disperse ! Alors il va falloir que je me raisonne et que je me fixe des objectifs clairs m'a dit mon chef: je ne peux pas tout faire.
Tant pis pour les conférences sur les impacts aux pôles, ce n'est pas facile à raccrocher aux régions de France (enfin, j'ai quand même assisté à la conférence avec Claude Lorius sur l'Antarctique et j'en ai fait un papier... mais parce qu'il y avait une action participative avec le public ici).
Tant pis pour les rencontres avec les peuples autochtones, la lutte contre la sécheresse dans les pays désertiques, les conférences qui racontent la situation dans les pays exposés aux changements climatiques, les innombrables documentaires réalisés aux 4 coins du monde...
Peut être arriverai-je à raconter quelques bribes par ci par là ici. En attendant, voilà une visite express pour ceux qui sont loin du Bourget.


On commence à être mis dans le bain bien avant d'arriver au Bourget. Placardage sur les bus, affiches dans les rues, dans le métro... Tout le monde s'est mis aux couleurs du climat. Même si pour certains grands groupes industriels, il y a un côté "je me rachète une bonne conscience". Vaste débat que je ne vais pas entamer maintenant.!



Une fois sur place, pas de risque de se perdre. Il n'y a qu'une seule entrée pour le site réservé aux "accrédités" et le personnel destiné à renseigner les participants ne vous laisse pas le temps de vous gratter la tête bien longtemps avant de vous indiquer le chemin à suivre. Sur le parvis, les drapeaux de chaque pays se dressent sur ces cylindres à la base légèrement verdie, on est en terrain écologique ! Chacun cherche son drapeau pour se photographier devant.





Une fois passée la salle de contrôle (semblable à ce qu'on franchit pour passer en salle d'embarquement dans un aéroport, sauf qu'ici, si on boit une gorgée d'eau devant le personnel de sécurité, on peut franchir la barrière quand même), on arrive sur ... les Champs Elysées. Tout un symbole que cette "avenue", surement pas la plus belle du monde, qui s'achève ... à la Tour Eiffel ! 


















Les Champs-Elysées donc desservent les différents halls répartis de part et d'autres: ici on trouve dans des enceintes distinctes les salles de négociations, les pavillons des pays, le centre des médias, les bureaux des délégations, ceux de la présidence française et du secrétariat des Nations Unies (ici nous sommes en territoire onusien le temps de la COP21)



Avec près de 3000 journalistes attendus et des milliers de représentants du monde entier, il faut des espaces pour communiquer. Les espaces informatiques offrent ordinateurs, connexions internet, etc. Le hall des médias accueille radios, télévisions, agences de presse.




Mais le Bourget n'est pas seulement réservé aux accrédités. En dehors de la zone bleue, un autre pavillon, celui des Générations climat, est accessible à tous. 
Sur le chemin piéton qui y conduit, on découvre deux arbres à vent. Un système éolien en forme d'arbre donc, dont les  feuilles (aéroleafs) sont conçues pour exploiter les vents turbulents sur 360° et produire ainsi de l'électricité. 
Ca ne fait pas de bruit et ça permet par exemple d'alimenter nous dit-on, 15 lampadaires de 50W ou 83% de la consommation électrique d'un ménage français (hors chauffage). Mais je ne sais pas combien ça coûte à installer... Il faut demander au concepteur, New Wind R&D.


On arrive enfin au pavillon où sont regroupées les initiatives de la société civile, associations, ONG... C'est là que chaque jour sont programmées une multitude de conférences, rencontres, projections... On y croise des anonymes, des représentants de peuples en costumes traditionnels, des ministres, des personnalités..
L'arche de Noé de Gad Weil
La vitrine bleue de Joachim Romain
L'arbre aux souhaits
Les voeux pour la planète de l'arbre aux souhaits

mardi 1 décembre 2015

"LES SAISONS", UNE ODE POETIQUE AU PEUPLE DES FORETS


La COP21 c'est avant tout un rendez-vous pour discuter et découvrir des initiatives en faveur du climat et de l'environnement. C'est aussi un lieu pour voir de belles choses. En prendre plein les mirettes, même s'il y a aussi la volonté d'une prise de conscience derrière le beau. C'était le cas ce lundi soir dans la grande salle au sous-sol de la Saint-Christophers Inn, à Place to Be.

En avant-première avant la sortie en France le 27 janvier, le scénariste Stéphane Durand et le producteur Olli Barbé ont présenté le nouveau film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, "Les Saisons".


Après le Peuple migrateur, le peuple des mers (Océans) et les petites bêtes (Microcosmos), le film remonte le temps pour 90 minutes en compagnie des animaux sauvages des forêts d'Europe, de l'ère glaciaire à nos jours.
On y croise des buffles, des loups, des chevaux, des renards, des oiseaux, des insectes... qui vivaient tranquilles jusqu'à ce que l'homme modifie profondément le paysage et oblige les uns à s'adapter, d'autres à fuir, les plus faibles à disparaitre. Une ode à la nature dont il faut retenir la poésie expliquait Stéphane Durand.
Avec un très gros travail de son et un montage réussi (malgré quelques longueurs à mon goût, mais c'est peut être aussi parce que j'étais mal assise...), "Les Saisons" se regarde comme une fiction et pas comme un documentaire, même si Jacques Perrin, de sa belle voix de conteur, donne par petites touches quelques informations sur les transformations en cours sous nos yeux.

Stéphane Durand et Olli Barbé (à droite de la photo)
Quelques infos brutes :
Le film a été tourné en Norvège et dans les forêts de la Dombes (Rhône-Alpes).
Aucun animal n'a été maltraité (qu'ils soient sauvages ou captifs, comme les loups). Les questions n'ont pas manqué puisqu'il y a quelques scènes féroces.
L'équipe a tourné près de 400 heures de rushes en 18 mois, pour un projet qui aura duré 4 ans. Comme pour Océans, il a fallu inventer des outils pour tourner à hauteur d'animal et donner au spectateur la sensation qu'il est au coeur du sujet, notamment pour les courses avec les loups ou les chevaux.
La sortie du film est accompagnée par une application avec tout un tas d'informations sur chaque espèces, des vidéos, des livres...
Des avant-premières auront lieu dès le début du mois de janvier dans toute la France en présence de l'équipe. Pour info, à Lyon ce sera le 7 janvier dans un cinéma Pathé.

Ci-dessous l'intervention de Stéphane Durand pour présenter le film :


L'ART DE RACONTER DES HISTOIRES

Foisonnant ! C'est le mot qui me vient à l'esprit à l'issue de cette première plongée dans le bain climatique.  Sans mauvais jeu de mot, Place to B fait partie des lieux où il faut être, ou au moins passer, pendant ces deux semaines de Cop21.

Climato-Scéniques

C'est le QG des militants venus de la planète entière pour participer activement à imaginer un futur plus respectueux de notre environnement et présenter ce qui se fait déjà aux 4 coins du monde. Et du même coup élargir leurs réseaux. Ici on discute et on cogite beaucoup.
"On n'est pas là pour prendre mais pour offrir" me disait Jean Ben Illiouz, directeur artistique du collectif d'improvisation Les Climato-Scéniques (à retrouver dans cette émission de RFI) et l'un des initiateurs du projet parisien Place to B dans l'auberge de jeunesse St Christopher Inn, avec Anne-Sophie Novel.

 
Jean et l'un de ses acolytes pointent 3 éléments clés de leur combat: société, environnement, économie

Avec la cinquantaine de bénévoles du collectif, venus d'un peu partout, il va à la rencontre des uns et des autres dans la grande salle du Belushi, le bar de l'auberge, en les invitant à dialoguer par le biais de toutes sortes de moyens.Ici l'ambiance est bon enfant. La moyenne d'âge est relativement jeune, le style décontracté, les ordinateurs portables sur toutes les tables, la musique en fond sonore, omniprésente. Pour ceux qui veulent travailler plus calmement, il suffit de gravir quelques marches et voilà l'espace de coworking. Des grandes tables, des plus petites, un éclairage feutré...

Lundi après-midi, Sophie Tallois et moi-même nous sommes donc ainsi retrouvées avec Gaëlle et Alexis, comédiens parisiens adeptes de l'improvisation, Kailea de HawaÎ, Lacy des Etats-Unis, Jean et Florian, un Allemand qui vit en France et prêche l'art du storytelling, l'art de raconter des histoires.

Il était une fois... Exercice sympathique et enrichissant destiné à nous aider à structurer les choses, à aller à l'essentiel, à maintenir le lecteur ou l'auditeur en attente et mener notre propos jusqu'à une conclusion, voire une "morale". 

Créer le changement 

La créativité, c'est aussi ce qu'ont abordé les participants à la session The Transformational Media Summit, sous la houlette de Reporters d'Espoir. Des jeunes, pour la plupart, là encore venus du monde entier, ont présenté des réalisations qu'ils ont menées ou dont ils ont été témoins en faveur de l'environnement.

Certains ont roulé 4 mois à vélo pour rejoindre Paris, d'autres travaillent à mettre en relation des paysans et des distributeurs en Thailande, d'autres encore, comme Isabelle Antunès, ont filmé des paysans du Bangladesh qui ont décidé de ne plus seulement subir la mousson mais de l'utiliser. Son documentaire "Happy rain, pluie fertile au Bangladesh" sera diffusé le 2 décembre en soirée sur France O et à l'espace Génération Climat au Bourget le samedi 5 décembre.


Foisonnant comme je l'écrivais plus haut. Et puisque tout ce petit monde est là pour réfléchir en commun aux solutions qui pourraient aider la planète à aller mieux, ils ont été invités, en petits groupes, à illustrer leurs souhaits, leurs réflexions autour des enjeux climatiques (une méthode qui rappellera des souvenirs à certains ;) ).